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Témoignages

A Willem Mengelberg, le chef d'orchestre extraordinaire, pour son exécution parfaite de ma 4° symphonie à St Petersburg le 12 février 1913.
Alexandre Glazounov

Cher ami, veuillez diriger ma "Alpensymphonie" en Hollande avant mon arrivée. Je souhaite une fois de plus, que vous dirigiez la première hollandaise cette oeuvre.
Richard Strauss

Cher ami fidèle, cette lettre contient tout ce que je voulais te dire. J'ai toujours su qu'un grand artiste, un artiste véritable devait être mon ami. Car nous ne sommes pas frères en art uniquement, mais dans tout ce qui est humain. Je me souviens que tu avais insisté pour que mes élèves m'accompagnent à Amsterdam...
Arnold Schönberg

Permettez-moi de vous exprimer toute ma reconnaissance pour la remarquable et vivante interprétation que vous avez donnée de ma "Fëte de Printemps", pour la merveilleuse souplesse d'une exécution où tous les détails apparaissaient en place et dans la lumière qui leur convenait. C'est une chance rare pour un compositeur d'avoir pour ses oeuvres un tel interprète.
Albert Roussel

Je veux vous redire ma joie de m'être entendu interpréter aussi admirablement. Je savais que vous étiez non seulement un grand chef, mais aussi un bel artiste. Je savais que vous aviez sous votre direction un orchestre d'élite. Pourtant je n'espérais pas une telle exécution à la fois précise et artistique, animée par votre puissante personnalité.
"La Valse" surtout, dont j'ai entendu des interprétations si variées, n'a jamais eu tant d'éclat.
C'est en grande partie à vous, et votre splendide orchestre, que je dois cet accueil émouvant du public hollandais, ces moments qui seront parmi les plus beaux de ma vie d'artiste.
Excusez-moi de n'avoir pu vous dire plus tôt ma profonde gratitude et croyez, cher ami, à la cordiale admiration de votre dévoué
Maurice Ravel

Vous savez mieux que moi toutes les raisons que l'on a d'admirer le génial artiste qu'est votre mari. Mais peut-être ne pouvez-vous plus concevoir l'indéfinissable impression de grandeur souveraine, où se mêlent l'enthousiasme et le respect, qu'éprouvent ceux mis soudain en présence d'une telle personnalité. Ce que l'on croyait connaïtre note par note, dans l'esprit et la lettre, vous apparaît tout nouveau. Ce qu'on avait intérieurement rêvé, cru irréalisable, est dépassé.
Nadia Boulanger à Mme Mengelberg

Mengelberg est le seul chef d'orchestre à qui je puisse confier une oeuvre en toute tranquillité.
Gustav Mahler

L'histoire du Concertgebouw, c'est l'histoire de Willem !...
Pierre Monteux

Mahler

Je loue la maison Mengelberg
Qui est sans doute l'oeuvre des anges
Afin qu'un pauvre musicien
Puisse y retrouver son pays natal

 

A mon ami Willem Mengelberg. Je suis heureux de pouvoir vous dire encore toute mon admiration et ma sincère affection.
Pablo Casals

L'audition des oeuvres de Claude Debussy sous la confondante direction de Willem Mengelberg a laissé en moi une trace profonde. C'est merveille de voir, de suivre plutôt, dans la complexité de la musique de Debussy la souplesse, la finesse, l'extraordinaire précision, la fougue, la jeunesse et l'expérience consommée du plus qu'éminent chef qu'est, comme chacun sait, Willem Mengelberg.
Ce maître grandiose domine l'orchestre : il est tantôt fluide, spirituel et d'une légèreté de baguette insoupçonnée, tantôt puissant et semble bondir comme un lion. Avec lui, les sonorités s'amplifient au-delà des limites connues, avec lui, les caresses particulières de Debussy ont un charme, une délicatesse toute latine - avec lui aussi, toutes les qualités qui font d'un directeur d'orchestre un géant, se trouvent réunies. C'est complet et c'est écrasant.
Je ne connais rien d'aussi bouleversant qu'une pareille direction. Debussy si subtil, est rendu par Willem Mengelberg avec un esprit incomparable.
Est-il besoin d'ajouter que les oeuvres de grande envergure larges et grandioses savent trouver également en lui l'interprète idéal? Les fêtes en l'honneur du vingt cinquième anniversaire au Concertgebouw de l'illustre chef attesteront, une fois de plus, dans les monumentales symphonies de Gustav Mahler la puissance de Willem Mengelberg.
Je termine en rendant le plus éclatant hommage au génie du grand Maïtre Hollandais et en lui redisant ma grande admiration.
Charles Tournemire

Il n'est personne à Paris qui oublie jamais l'exécution de la Passion Saint Matthieu au Trocadéro par les choeurs d'Amsterdam sous la direction de Mengelberg. Il n'est personne qui n'ait été profondément remué samedi et dimanche derniers par l'interprétation du grand chef hollandais dirigeant l'orchestre du Chätelet.
Charles-Marie Widor

Lorsque j'entendis l'orchestre du Concertgebouw et son chef pour la première fois, le but de l'artiste me sembla atteint : l'union si difficile et si rare d'une grande passion et d'une maîtrise de soi sans concessions.
Arthur Schnabel

Enfin les tempi de mon frère !
Modeste Tchaikovsky

Quelle joie de jouer du Mozart avec Mengelberg ! A peine qu'il l'attaque, son orchestre change de couleur : les archets deviennent plus mordants, leur caresse nous frôle avec plus de discrétion, la trompette semble claironner avec une joie exubérante, le basson acquiert subitement une agilité inattendue : il tournoie, fait des grâces, nous attendrit par ses efforts vers la légèreté et la flûte, enchantée de se trouver isolée, suspendue sur un point d'orgue, vocalise éperdument avec des pâmoisons tendres d'une primadonna, des trilles, des pincés, des appoggiatures du plus pur goût de l'ancienne grande école italienne.
C'est léger, gai, insouciant, diaphane, svelte et pourtant solidement construit, impitoyablement rythmé. Des murmures radieux, des cascades sonores, des arabesques qui se détachent sur un fond clair, azuré. Tout cela chante, rit, pleure, danse, s'amuse follement et d'ailleurs regardez Mengelberg : entouré de ses merveilleux collaborateurs il incorpore le rythme, l'allégresse. Sa crinière flamboyante lance des étincelles, ses yeux pétillent...
Oh ! Oui c'est une joie de jouer du Mozart avec Mengelberg !
Wanda Landowska

Trop heureux d'offrir au génie musical qu'est l'illustre Mengelberg l'expression de ma profonde admiration et de ma très grande sympathie - qu'il voie dans ce témoignage le souvenir ineffaçable qu'il a laissé dans l'âme d'un artiste sincère et fidèle.
Lucien Capet

A Willem Mengelberg, le merveilleux chef du Concertgebouw, au défenseur et à l'interprète extraordinaire de mes oeuvres. A l'occasion de ces célébrations, je pense avec émotion et admiration à tout ce qu'il a donné au grand Art.
Vienne, Mai 1920
Dr. Richard Strauss

Il y a eu dans ma vie deux évènements considérables et formateurs : le premier, lorsqu'à l'âge de 10 ou 11 ans j'entendis pour la première fois l'Eroica, le second lorsque j'entendis Mengelberg diriger la Passion selon St Matthieu au Concertgebouw.
Yehudi Menuhin

La possession des traditions les plus hautes, de ce qui les perpétue dans le présent, de ce qui les prolonge dans l'avenir, voilà le grand signe du grand chef d'orchestre, de l'interprète né, de tous les vrais maîtres. Willem Mengelberg en est marqué profondément. L'âme du colossal J.S. Bach, celle de Beethoven, sont en lui comme les âmes de Wagner, Berlioz et Liszt. Elles se répandent en son geste infaillible. Et je ne sais pas de plus belles interprétations de leur pensée que celles transmises par son autorité souveraine.
Paul Dukas

J'ai pu admirer à de nombreuses reprises la vitalité, l'exubérance et la parfaite compréhension des Classiques du grand chef Willem Mengelberg.
Giacomo Puccini

Vladimir Horowitz

Au moment où l'élite du monde musical européen apporte à Willem Mengelberg un tribut d'admiration pour sa vie entièrement vouée au culte de la beauté - au moment où de tous les coins du monde artistes, peintres, littérateurs, compositeurs, virtuoses, philosophes viennent apporter l'hommage de leur reconnaissance au grand musicien, au grand virtuose, il m'est particulièrement agréable d'évoquer ici à la jeune génération le pianiste qu'est Mengelberg et qu'elle doit avoir le regret de ne pas connaître.
D'autres diront la magie de sa direction - sa puissance évocatrice fascinante, la conscience scrupuleuse de sa volonté artistique, son énergie presque surhumaine à triompher des difficultés. Les uns parleront avec reconnaissance des émotions inoubliables provoquées par ses interprétations orchestrales, les autres du rôle décisif qu'il a joué dans l'histoire de l'évolution de la musique moderne.
Je laisse à de plus autorisés le soin de retracer la vie artistique de Willem Mengelberg.
Je désire seulement parler du merveilleux pianiste qu'il est. Du pianiste chez lequel on retrouvait avec la même puissance et la même vigueur toutes les qualités frappantes qu'on connait chez le génial chef d'orchestre. L'une des émotions musicales les plus complètes de ma carrière artistique reste sans contredit, l'audition par Willem Mengelberg du Concerto en Mib de Beethoven, il y a près de vingt ans à Bruxelles, accompagné par l'orchestre du Concertgebouw.
Il est de ces interprétations qui restent vivre dans le souvenir, comme taillées dans le granit par le ciseau du sculpteur et qui se perpétuent dans le temps.
Chose curieuse : le temps a même fait ressortir avec plus de précision encore la plastique de cette interprétation. A vingt ans de distance, j'ai retrouvé dans le travail quasi journalier avec Mengelberg les mêmes caractéristiques qui donnent à toutes ses interprétations - je devrais dire à toutes ses créations - une vie définitive. De même que j'entends, que je vois devrais-je dire, toujours son interprétation du Concerto en Mib de Beethoven. Je crois, je sais que ceux qui l'ont entendu diriger conservent dans leur mémoire la vision des oeuvres qu'il fait revivre.
Et ce n'est pas seulement au merveilleux équilibre, au dosage des sonorités, à la perfection technique de l'exécution, au souci minutieux de l'exactitude du détail que j'attribue cette faculté évocative de création qu'il possède.
Il y a plus encore. C'est la parfaite harmonie qui existe dans toutes ses interprétations entre l'esprit et la matière sonore, qui donne le recul nécessaire et qui fait que l'auditeur se trouve placé devant l'oeuvre, là où il doit être pour la percevoir tout entière. Ce n'est qu'ainsi qu'elle peut revivre et qu'elle lui donne la sensation de vérité absolue et qu'elle reste perpétuée dans le souvenir. N'est-ce là point recréer ?
Le pianiste qu'était, qu'est encore Mengelberg possède tous les mêmes attributs. Joignez-y la maîtrise tyrannique de la technique de l'instrument, une sonorité large et puissante et enfin, un sens éblouissant de la virtuosité.
Voilà ce que Mengelberg est comme pianiste et je regrette pour ma part, que toute notre jeune génération ne puisse avoir, comme moi, l'occasion de pouvoir en conserver le souvenir.
Marix Loevensohn (Premier violoncelle de l'orchestre)

Mengelberg - piano